Le parc d'attraction Mélofolia que la SA Dreamgest veut faire sur le domaine de Chauffaille, à Coussac-Bonneval, doit être implanté au coeur d'une Zone Naturelle d'Intérêt Écologique, Faunistique et Floristique. Une ZNIEFF correspond toujours à un milieu naturel spécifique, relativement préservé. La ZNIEFF 740000063, dite « Vallée de la Boucheuse et étang de Chauffaille » s'étend sur un espace jusqu'ici boisé ou agricole, elle compte 16 espèces officiellement inventoriées dont 2 ont la mention « espèce menacée », degré le plus grave qui normalement mobilise tous les efforts : un amphibien (le sonneur à ventre jaune) et un mammifère (la barbastrelle d'Europe).
Le PLU de Coussac-Bonneval a tout bonnement qualifié 47 hectares constructibles au beau milieu de cette ZNIEFF. Juridiquement, ce n'est pas interdit de le faire mais c'est piétiner tout principe écologique rudimentaire et aussi piétiner le principe de souveraineté alimentaire du pays : les acteurs du monde agricole sonnent régulièrement l'alarme devant le fait que chaque année, la France perd 60 000 hectares de terres agricoles au profit de l'artificialisation des sols.
Le 15 septembre 2014, M. Boisserie, Président de la Communauté de Communes, disait lors d'une réunion du Conseil de Communauté, à propos d'un projet de golf envisagé à Chauffaille : « Le projet de golf européen a été abandonné en raison de contraintes avec le ZNIEFF ». C'est à n'y rien comprendre : si un golf dérange la nature au point qu'on en abandonne le projet, comment valider l'aménagement d'un parc d'attraction, bruyant, prévu pour 400 000 visiteurs par an ?
Le projet se dit bien entendu « éco-friendly » mais il ne faut pas être dupe, il s'agit bien de milliers de tonnes de béton qui vont être utilisées pour les structures instrumentales géantes dont l'utilité aura bien du mal à être trouvée si le projet s'effondre au bout de quelques années. Aux jours où la crise climatique bat son plein, l'utilisation massive de béton semble à la fois anachronique et injustifiée pour un projet dont l'utilité publique et la réussite économique reste à prouver. Et ce n'est pas en consacrant 2 hectares à des panneaux photovoltaïques, comme prévu, que le parc Mélofolia rachètera sa nuisance environnementale. Les mesures compensatoires ne pourront effacer le désastre.
L'emprise au sol du parc est prévue sur 26 des 47 hectares constructibles. Au-delà, il y aura des espaces de promenade bien plus fréquentés que les sentiers actuels. Il y aura artificialisation des sols au niveau des parkings, des structures construites pour les attractions, des bâtiments pour la restauration, l'hébergement, des voies d'accès et terrasses... un vaste bassin est prévu... À moins d'un rebondissement inattendu quant à la stratégie de développement du système ferroviaire dans la région, les voitures seront les principaux véhicules utilisés pour se rendre au parc d'attraction. L'impact environnemental ne se limitera donc pas au domaine de Chauffaille, le trafic routier sera également source de nuisances pour les bourgs et villages alentours. Le chantier puis l'affluence prévue sont un désastre pour les écosystèmes, il suffit de regarder le clip Mélofolia pour en être convaincu.
Tout le monde peut aussi constater la verrue paysagère engendrée en regardant les images de synthèse des documents promotionnels de la SA Dreamgest : Chauffaille y est flanqué de structures géantes en forme d'instruments, d'un bassin en clé de sol géante, d'une oreille géante... c'est un grand bric-à-brac inesthétique en pleine verdure limousine. Un véritable gâchis.